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Peter Burg Werke

Zensur Wehrpflicht

Briefe zur Zensur des Buches „Wehrpflicht…“

Anfrage PL an Pillain, 7.12.1950 wg. „Wehrpflicht“, Teilnahme an Diskussion.

Briefkopf „Da Pacem“, Collection dirigée par le P. Pierre Lorson S.J.,

1 Boulevard d’Anvers, Strasbourg.

Mon Révérend Père,

Vous m’aviez autorisé à exposer, le cas échéant, la doctrine conforme dans mon livre sur l’objection de conscience, à condition que ce fût sans visée politique – Or, j’ai accepté de participer à une débat sur l’objection, à Reims, le 4 janvier. Un pasteur protestant y représentera son église, des socialistes ou communistes interviendraient brièvement, mais, comme individus, pour dire leur sentiment. J’ai pensé qu’exposer la doctrine de l’Eglise dans ce milieu etait desirable et conforme aux directives que vous m‘avez données.

Le R. P. Toulemonde me demande de vous écrire quand mème pour avoir votre permission. La présence de communistes et d’anarchistes l’a effrayé. Avez donc la bonté de me fixer.-

J’ai peur que les Catholiques ne fassent la conspiration de silence autour de mon livre. Les Protestants me couvrent de fleurs. C’est un peu gênant. – La „Croix“ cependant a un bon article.

Commande me s.s. sacrif. et pac.

Rev. Vestrae serveur in Xo

P. Lorson

E. Pillain an PL, 9.12.1950 über „Wehrpflicht“.

(Handschriftlicher Vermerk: Par P. Toulemond communiqué le 26.12.50)

Mon Révérend Père, P.C.

Il est exact que je vous ai autorisé à exposer le cas échéant la doctrine contenue dans votre livre sur l’objection de conscience, à condition toutefois que ce fût sans visée politique. Mais précisément actuellement les conjonctures sont telles qu’il me paraît impossible de parler de cette question sans que la presse s’empare de vos paroles et les déforme, surtout si vous parlez avec des protestants et des communistes.

De plus en ce qui concerne Reims en particulier, étant donné surtout le genre de cette réunion, il serait absolument nécessaire que vous demandiez la permission à Mgr Marmottin, car, que vous le vouliez ou non, vous auriez l’air dans cette réunion de représenter l’Eglise. Or, je suis moralement sur que Mgr Marmottin vous refuserait cette permission.

En résumé il me semble pour le moment qu’il est préférable pour vous de ne pas participer à des réunions ou à des discours sur l’objection de conscience. Mieux vaut attendre pour le faire que la paix soit plus assurée dans le monde.

Croyez, mon Révérend Père, que je suis, en union de vos saints sacrifices

Tout vôtre en Notre Seigneur

E. Pillain s.j.

Curia Praepositi Generalis

Societatis Jesu

Roma – Borgo S. Spirito 5                                              6 février 1952.

Mon Révérend Père,

P. C.

Ayant entendu des critiques au sujet du livre du Père Pierre Lorson „Un chrétien peut-il être objecteur de conscience“ j’ai fait examiner cet ouvrage.

Voici quelques indications d’un censeur. Veuillez les communiquer au Père et lui dire que s’il a l’intention de faire une nouvelle édition il devra soumettre son manuscrit à la Curie Généralice après la révision normale en province.

Je me recommande à vos ss. Sacrifices

Votre serviteur en Notre Seigneur

J. B. Janssens s.j.

Handschriftliche Vermerke:

Rechts oben: Dossier Lorson

Links unten: Envoyé à Lorson le 12.2.52 <Toulemond, Pillain ?>

Beilage das Gutachten:

Vermerk Communiqué au P. Lorson 12.2.52

Jugement sur l’ouvrage du Père Lorson:

„Un chrétien peut-il être objecteur de conscience“.

Comme „censor deputatus“, j’aurais certainement refusé le „nihil obstat“ mais l’ouvrage est dans le commerce, avec l’imprimatur du R. P. Provincial de Champagne. Il reste à voir où il est vulnérable, et comment nous pouvons le défendre.

I. On peut facilement disjoindre sa cause de celle de Mgr Ancel. Ce dernier examine le problème de la juste guerre; il a pour arrière-pensée de disjoindre l’enseignement de l’Eglise d’une croisade anticommuniste, et pour préoccupation de se placer sur le terrain des massouvrières. Il conclut en condamnant toute guerre d’aggression, toute guerre préventive, et toute guerre de libération. Un chrétien n’a donc pas le droit de prendre part à une telle guerre.

Mais la doctrine du P. Lorson a ses difficultés propres. Il présent ainsi p. 132-133 son argumentation: „Nous coryons avec le Pape et Mgr Ottaviani, avec beaucoup d’autres encore, toute guerre d’aggression défendue au nom de la morale … Bref, nous reprenons à notre compte toutes les objections à la guerre moderne, et nous déclarons illégitime d’y prendre part, si elle est une guerre d’aggression“.

-  Il examine ensuite l’objection contre le service militaire en temps de paix, contre la participation à la guerre d’aggression, puis résoud quelques cas concrets. Il avait dit, p. 79: „C’est toute guerre d’aggression qui est ainsi réprouvée, au nom de la morale, au nom de la conscience, par le Docteur suprême des catholiques. Prendre part à une guerre de ce genre est donc évidemment défendu à un fidèle du Pape. De par la volonté de celui-ci, il devrait donc, dans ce cas, être un objecteur de conscience“.

Le Père délimite sa position: A) p. 122: „Il ne nous semble pas que ce soit là une raison suffisante pour rendre immoral le service militaire, qui est en lui-même un acte indifférent, qui n’aboutira pas fatalement à la guerre“. – B) Il refuse de condamner la guerre défensive „avouant n’avoir pas assez de clartée dans cette question délicat pour prendre une position absolument ferme et négative, à l’égard de toute guerre défensive moderne“ (p. 146).

Pour passer de ces positions générales et abstraites à l’objection de conscience, le Père a comme moyen terme (p. 93) la primauté de la conscience. Il expose d’abord la thèse classique, appuyée par une citation du P. Dargent. Il rappelle que „les chemins normaux et extérieurs par lesquels arrivent au catholique les volontés et les desseins du Seigneur (sont) les enseigements du magistère ecclésial d’une part, et les ordres de l’autorité ecclésiale d’autre part“. Il devient ensuite assez vulnérable, quand il croit „parfois difficile de connaître les lumières venant de l’Esprit et celles qui viennent de l’Epouse“ (p.10). Il ajoute „elles ne peuvent se contredire, à une certaine profondeur. Et normalement elles se complètent“. Mais il court désormais, et dans tout l’ouvrage, un illuminisme qui n’est pas sain. Sans doute „on ne peut mettre en thèse que l’individu doit suivre les directives de son gouvernement quasi à l’aveugle“ (p. 105). Mais c’est trop céder à l’illuminisme protestant, que d’écrire, exposant le cas de conscience d’un Quaker, ou d’un Témoin de Jéhovah: „La lumière intérieure qu’il possèt à cet égard es tellement forte, il en est tellement inondé, qu’il ne pourrait pas, sans infidélité substantielle à lui-même et à Dieu, y résister“ (p. 111).

La pensée profonde du P. Lorson me paraît bien exprimée dans cet phrase (p. 139): „mieux vaut ne pas nous défendre, rester intacts, résister ensuite spirituellement, et ensuite vaincre peut-être la vraie guerre de cette manière, comme les Grecs ont vaincu les Romains“. Il a chez lui cette pensée latente que notre catholicisme n’est pas assez dégagé de toute compromission temporelle, pour donner au monde une leçon de pureté. – Il voudrait un Ghandi, ou un Garry Davis catholique. – C’est pourquoi il cherche trop sur ce terrain, le rapprochement avec les dissidents „Pourquoi (p. 189) cette question de la paix mondiale, qui a figuré en bonne place sur le programme du Congrès d’Amsterdam, qui préoccupe si fort le Pape actuel, ne pourrait-elle pas réaliser l’unité entre les dénominations, au moins sur un point et pour un temps. – Il a cependant précisé (p. 147) que „pour un catholique le Nouveau Testament a besoin d’être présenté et expliqué par l’Eglise, à qui le Christ a promis son assistance, qui est le prolongement de son Incarnation, et qui est dirigée par le Saint-Esprit“. Il avertit les pacifistes catholiques de „n’aller pas renforcer les rangs de certains combattants de la paix et de la liberté – qui sont aux ordres de Moscou“ (p. 165). Mais il a tort de faire „entre l’élément hierarchique et l’élément mystique dans l’Eglise“ une opposition délicate à soutenir après Mystici corporis et Humani generis.

Je crois avoir assez objectivement présenté les difficultés de l’ouvrage. Il n’est pas indéfendable.

1) Je ne partage aucunement son opinion sur la guerre moderne d’aggression intrinsèquement immorale. Mais comme il reprend, et presque dans les mêmes termes, l’argumentation de Mgr Ottaviani (Institutiones Juris publici. T. I, 3 no. 86, p. 151), je pense que cette opinion demeure libre dans la Ste Eglise de Dieu, tant que le S. Ofice ne l’a pas condamnée.

2) Il s’est suffisamment mis à l’abri quant au service militaire obligatoire (p. 122), et à la guerre défensive (p. 142); même s’il sollicite un peu trop les textes et les auteurs, comme les allocutions Pontificales du temps de guerre.

3) Quant à la primauté de la conscience, il a certes une tendance exagérée à l’illuminisme, est trop préoccupé de n’être pas en retard avec les protestants non-conformistes, mais il a réservé l’autorité de l’Eglise catholique (p. 101, p. 156).

4) Il considère comme lex mere poenalis l’obligation du service militaire („autant dire une brimade“), il accepte que les catholiques qui „trichent“ à la douane, trichent l’impôt, trichent aussi le service militaire“. Je déteste ces positions, mais il a pour lui l’autorité de Noldin et la tradition des „leges mere poenales“.

5) Il atténue sa doctrine. Il avertit les objecteurs que „la sage leur commande de tenir compte de la conjoncture et des circonstances“ (p. 127). Il croit un peu trop au „sens moral de la foule“ (p. 134), mais il donne en conclusion (p. 182 sv.) aux pacifistes chrétiens des conseils de sagesse …“ ne pas poursuivre une paix au rabais, une paix à tout prix, comme s’est exprimé le S. Père dans un message qui a été mal compris par plusieurs.“ Et il s’est dissocié des chrétiens progressistes.

Ceci pour la défense du P. Lorson. – Je serais beaucoup plus sévère pour une nouvelle édition.

1) Une réimpression, sans corrections est inopportune.

2) J’exigerais de l’auteur qu’il mette exactement entre guillemet ses citations. Et donne ses références, pour qu’on sache ce qui est de lui – ainsi p. 21 (praeclara gratulationis), p. 55 (Pie XIII) p. 61 Lehmhul et Vermeersch), p. 62 (Les Lettres du Card. Gaspari à Mgr Chesnelong), p. 77 (sa conclusion au sujet de Mgr Ottaviani), sollicitent les textes.

3) J’exigerais (p. 117) le retrait des conseils ou des reproches faits à la hierarchie et si (p. 91) il tient à faire du P. Reinish un martyr de l’objection de conscience, il n’est pas nécessaire de le glorifier d’avoir résisté à ses supérieurs.

4) Je demanderais que l’illuminisme qui court dans l’ouvrage, soi considérablement atténué, et que disparaisse la tendance malsaine à rejoindre les protestants sur leur terrain du libre examen.

5) J’essaierais d’obtenir qu’on ne fasse pas de l’objection de conscience un surhomme Nietzschéen. „des hommes que leur mission dispense de certaines lois positives inférieures, pour qu’ils puissent mieux obéir à une loi supérieure, qui est en eux et que Dieu leur impose … parfois aussi pour des fins qui n’apparaissent point“ (p. 10).

6) Et si j’admets l’utilité dans l’Eglise et dans le monde, de certaines âmes d’élite qui témoignent pour la vérité sans compromisse – pour la „pureté“ chère à Mounier. (cf. l’excellente citation du P. Soras p. 115), je voudrais qu’on ne fasse pas trop vite, de l’objecteur de conscience, l’émule de Jeanne d’Arc, de François d’Assise, de P. de Nobili ou du P. de Foucauld (p. 113) … „Vous êtes impérieusement poussé par la grace, dont vous avez le signe sur vous, etc. …“

Curia Praepositi Generalis

Societatis Jesu

Roma – Borgo S. Spirito 5                                       Rome, le 7 juin 1952

Mon Révérend Père,

P. Xti.

Votre lettre datée de l’Ascension m’est bien arrivée, et je vous en remercie. Il est en effet nécessaire qu’un ouvrage comme le vôtre soit parfaitement conforme à la doctrine de l’Église. Or vous verrez par les nouvelles remarques ci-jointes qu’il vous faudrait au moins tenir compte des documents pontificaux parus depuis que vous avez composé votre travail. Vous devez donc faire comprendre à l’éditeur que dans son propre intérêt et dans le vôtre, et surtout par souci de conformité avec l’enseignement du Saint Père, il doit vous laisser introduire toutes les mises au point nécessaires.

La cause de la paix qui vous est si chère, et à juste titre, ne saurait gagner à être mal défendue. Il faut donc tout faire pour mettre au point ce que vous avez écrit. Si la traduction anglaise n’est pas commencée, arrangez-vous pour qu’elle se fasse sur un nouveau texte que vous soumettrez à la censure romaine ; pour la traduction allemande, que vous dites presque achevée, insistez pour qu’elle comporte les corrections et notes qui éviteront une interprétation criticable.

Je me recommande, mon Révérend Père, à vos ss. SS.

Votre serviteur en Notre Seigneur.

Joh. Janssens, s.j.

r. P. Pierre Lorson,

Scriptor

Strasbourg

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